©Claude Lévêque. 2012
©Claude Lévêque. 2012

Marilyn Mattéï :

 

"Un courant d’air dans le crâne a été écrit à la suite d’une commande de l’ENSATT pour la production des étudiants de troisième année. Il s’agissait pour nous écrivains de deuxième année d’écrire 16 pièces courtes pour les 12 comédiens de troisième année et 4 autres comédiens professionnels sur la thématique de la ville et la crise. Le projet porterait ce titre « Grand Ensemble ». Pour cerner la thématique, nous avions décidé de choisir un motif faisant office de fil rouge, à savoir : la destruction d’une barre d’immeuble portant le nom « Les Acacias ».

 

Toutes les pièces de ce projet abordent de près ou de loin cette destruction et mettent en scènes des problématiques actuelles : est-il encore possible de vivre ensemble ou est-ce seulement une utopie ? Que signifie un corps dans la ville ? La ville est-elle aujourd’hui un espace privé ?"

 

 

Un courant d’air dans le crâne met en scène deux thématiques qui correspondent à un fil rouge dans mon travail d’écriture dramatique : l’enfermement et la contamination.

 

Une mère enferme ses fils dans un appartement afin de les protéger du monde extérieur. Alimentée par la peur, « la nouvelle maladie des villes », sa représentation mentale du monde est structurée par cette peur : peur de la violence du dehors et peur de la mort. La maisonnée apparaît alors comme un refuge, un endroit ultra sécurisé, assimilable, comparable au ventre maternel. L’enfermement bloque le temps : les deux fils Sam et Jo qui ne sont plus des enfants mais bien de jeunes adultes âgés d’une vingtaine d’années sont infantilisés, privés ainsi de toute faculté à l’autonomie.

 

Afin de protéger ses enfants, la mère, paralysée dans la peur, va à son tour utiliser cette même violence qu’elle refuse de côtoyer : elle les menacera avec une arme, annoncera qu’elle serait capable de les tuer pour les garder près d’elle, les ligotera sur une chaise pour les empêcher de sortir. La peur apparaît ainsi comme étant la genèse de la violence. Il en sera de même pour le personnage de Jo qui lui, contaminé par la peur de la mort, provoquera involontairement la mort de la mère, à la suite d’une stratégie d’évasion mal menée.

 

Un courant d’air dans le crâne est une farce : humour et violence ne font qu’un. Le théâtre est l’endroit du déplacement. Parler de la violence et de la peur sous humour me permet de déployer, de mettre en lumière le mécanisme de la peur et de la violence qui en découle."